Tango


Préambule

Dans ce billet sont présents deux morceaux artistiques ; l'un d'eux excite notre sens auditif et merci donc à Gotan Project de nous avoir offert ce morceau. L'autre nous procure du plaisir autrement, on le regarde, on imagine. Merci donc à ma maman de m'avoir offert cette toile, et avec elle mon inspiration du jour.
Lisez, écoutez regardez et imaginez.. Posez vous un instant avant de lire ce billet, imprégnez vous de l'atmosphère. Et à la fin de la lecture, si vous écoutez encore la musique, fort de cette histoire, replongez votre regard dans la toile. Peut-être rêverez-vous avec ce couple imaginaire.


- Tu es superbe ;
- toi aussi tu es magnifique ;

Son costume bleu, il l'avait acheté à la solderie. Il en était plutôt fier. Il avait réussi à en cacher les défauts. Il avait l'allure d'un matador.
Enfin c'est ce dont il était persuadé.
Oh, certes, l'autre était plus chic, plus élégant, mais celui-ci, avec les ourlets à l'anglaise et la coupe droite le faisait paraitre plus mince.
Il s'était préparé longuement, étalant doucement la gomina, vérifiant la longueur de ses favoris. Pas trop grandes, pour ne pas lui donner un air sévère. Mais pas trop courtes non plus, il fallait qu'il soit viril.
Ils étaient là, tous les deux, il était ému, un peu stressé même.

- Tu me fais danser ?

Elle avait hésité à mettre une robe aussi courte. Elle n'avait plus vingt ans, et le galbe de ses mollets n'était plus aussi gracieux.
Enfin, la magie des talons affrontera pour ce soir le temps qui passe. Ce soir elle avait décidé d'être la plus belle, d'être désirable. Désirée.
"Tu me fais danser ?", lui avait-elle demandé. Elle aurait très bien pu lui dire : "on danse ?", mais non, elle avait décidé de s'offrir à lui. Et c'est sur le son de la valse qu'elle s'était lancé.
Lui, malgré son charisme son apparente prégnance, était timide, et son esprit était reclus derrière ses mains de travailleur.

La valse se termine. S'en suit un tango, ce tango, la sensualité incarnée dans une danse.


- Fais-moi danser, encore !
 
Plus personne n'était en piste, plus personne ne hantait leur lieu. Ils étaient seuls au monde. Les barrières étaient tombées. Du moins c'est l'image que leur renvoyait leur esprit.
Ils évoluaient tous les deux consommant déjà leur idylle nouvelle.
Passion, sensualité, fougue, tout était là.
Il se figea, saisit sa jambe et elle laissa aller son bras vers le ciel, comme un geste de victoire. Leurs visages se rapprochèrent sans pour autant se toucher vraiment.

Ils étaient heureux et le regard des autres qui les avait si souvent blessés ne pouvait plus les atteindre.
Ce soir, l'un pour l'autre, ils étaient les plus beaux et l'espace d'un instant malheureusement éphémère, rien ne pouvait altérer leur bonheur.