tu veux qu'j'le fé?

Puisses-tu pardonner, lecteur, mes quelques griefs envers le jeunisme.

 

Aujourd'hui, je suis las de toutes ces atteintes portées à coup de « que » à ce cher subjonctif.

Oh certes, je ne suis pas exempt d'erreurs. Mais là, quand même… il y a des limites.

 

Mais quelle est donc l'origine de ce courroux ?

 

Walt Disney, oui, le Walt Disney qui rend les souris sympathiques. Ce même Walt Disney qui ne nous avouera jamais que les parents de Riri Fifi et Loulou ont finit cuisiné à la poêle dans le Gers et ont été dégusté dans un resto-route.

 

Oui, l'origine de mon courroux est Disnesque (Attention, je dépose un brevet pour le mot). Il vient du film d'animation « Ratatouille ». Je vous retranscris le propos. Je préviens, ça peut choquer :

 

Mais non, je ne crois pas que tout le monde peut cuisiner.

 

Je l'avais dit, c'est choquant....


Ajouté au fameux et célèbre J'espère qui pleut pas ce week-end ou du très populaire tu veux qu'j'le fé ? On en vient à se demander si la chasteté n'est pas en train de s'installer dans notre langage.

 

Oui, la chasteté, car rappelons-le, le subjonctif se construit à coup de « que ».


Pierre Desproges avait définitivement raison: nous devenons des emasculés du subjonctif

 

 

Histoire ensoleillée

Ce matin, je me suis levé tôt, mais je ne vais pas à la pêche

 

Non ce matin, je me rends au travail comme presque tous les jours. Je fais mon brin de causette quotidien avec ma voisine. Je monte dans la voiture, démarre et allume la radio.

C'est là que d'un coup j'entends les toutes premières notes de Maria Maria de Santana avec The Product G&B.

Les toutes premières notes, quelle chance, la journée va être excellente…

 

Me voilà transporté, aujourd'hui il fait beau… Mode lunettes de soleil.

Aujourd'hui nous sommes tous Ritals, nous roulons tous en Fiat et vivons une Dolce Vita. La suite logique aurait voulu une La Isla Bonita. Rien que pour pouvoir dire I want to be where the sun warms the sky.

 

Et bien bonne nouvelles, le temps s'arrête au son de Maria Maria et de la voix somptueuse de son interprète.

Ouvrez la vitre de votre fiat, souriez rital (ça veut dire : avec les dents) : nous sommes dans un endroit ou le soleil réchauffe les esprits, et ou les esprits ne s'échaufferont pas !

 

Aujourd'hui sera synonyme de légèreté, en route pour une vie agréable….

 

En route….

 

Vers l'infini et au-delà……

 

 

Et au delààààà…

 

 

Ah oui, on est en fiat, on a calé!

 

Les protagonistes de mon histoire ridicule :

 

Je vais à la pèche : Flying pop's

Maria Maria : Carlos Santant Feat The Product G & B

La Isla Bonita : Madonna

La dolce Vita : Fellini

Les lunettes de soleil : Ray ban

Vers l'infini et au-delà : Buzz l'éclair

Fiat : Punto, what else…

Histoire de supermarché

« Il n’est pas là le monsieur qui vend le journal ?
-         hein ?
-         Le monsieur à l’entrée qui vend le journal l’itinérant ?
-         Ah non, tient !
-         Bah oui, ça fait 4 jours que je ne l’ai pas vu.
-         C’est vrai, maintenant que vous le dites, il est toujours là ; ça fera 22 euros. »
….

« Bonjour monsieur, vous savez où est le monsieur de l’entrée ; je sais que vous discutez souvent avec lui…
-         non je ne sais pas, mais ne vous inquiétez pas »

Voilà deux conversations de supermarché. Deux conversations qui à elles seules caractérisent le monde moderne d’automates dans lequel nous vivons.
Nous évoluons dans un écosystème mené par les habitudes et les automatismes. Un écosystème ou les relations humaines sont reportées à un « quand j’aurais le temps ». C’est triste, mais c’est comme ça. On se soucie plus de la vie de personnages télévisuels fictifs que de ses propres voisins. On se cache derrière un « on à tous nos problèmes », même si quelque part c’est vrai. Et puis, on a pas le temps, le temps c'est de l'argent.

Depuis des années que je me rends dans ce supermarché, je croise tous les jours cet homme qui attend patiemment devant la porte que des personnes bienveillantes lui donnent une pièce en échange de son journal.
Il est poli, se plaint rarement et il travaille bien plus que la majorité des clients du magasin. Il est là, debout, toute la journée, tous les jours.

Le soir, avec sa recette, il fait ses courses dans le supermarché ; bien plus aguerri que n’importe quel autre consommateur, il doit être certain de son compte.

Parfois, je croise des gens qui discutent avec lui qui en plus d'argent lui donnent un peu de temps. Souvent il sourit. J’aime son accent, il n’est pas d’ici, une amie pense qu’il est slave.

Depuis 4 jours, il n’était pas présent à son « poste ». 4 jours et personne ne l’a vraiment remarqué. Les gens à qui j’en parle me trouvent tantôt compatissant, tantôt curieux ; ils y pensent, ils oublient aussi vite.


Hier, en allant chercher de quoi diner, je le recroise. Son visage est tuméfié.
Je le salue, et lui demande : Que vous est-il arrivé ?

Il a eu un accident en vélo, sa tête à cassé la vitre d’un autobus. Il est resté 3 jours à l’hôpital, il est sorti hier. Il est là aujourd’hui, parce que lui, les arrêts maladie, ça lui coûte trop. Quand on en parle, il dit : « j’ai eu de la chance ». Quelque part c’est vrai...

Je raconte ça, parce que... parce que j'en ai envie. On ne peut pas changer le monde, la malchance a toujours existé. Mais dans toutes cette histoire, je retiens qu’il sourit parfois quand on lui parle, et que de raconter son histoire lui a fait du bien. Bref, ce qui l’aide en plus du nécessaire argent, c’est le contact humain, qu'il se rassure quand il dit "j'ai eu de la chance" et qu'il puisse le dire à quelques uns.